Depuis 1962, le peuple français élit le président de la République mais le
régime de la Ve République n’est pas présidentiel : les pouvoirs législatif et
exécutif ne sont pas véritablement séparés mais unis l’un à l’autre par
l’intermédiaire des ministres.
Dans un régime présidentiel, au contraire, les pouvoirs législatif et exécutif
sont séparés.
Aux Etats-Unis, les hommes qui entourent le Président n’ont aucun lien avec le
Congrès, seul maître des lois.
Le président n’a pas les moyens de forcer la volonté du législateur, même pas
celle de son parti ; il n’y a ni 49-3, ni vote bloqué ; le président gouverne
par sa capacité à convaincre, son leadership.
Le président des Etats-Unis n’est pas puissant parce qu’il dispose d’une
majorité présidentielle, mais parce qu’il agit au nom de toute la Nation, la
majorité comme la minorité. Les présidents américains sont des rassembleurs, des
leaders plus que des chefs, ils exercent moins « le » pouvoir que « des »
pouvoirs ; aucun d’entre eux ne s’est jamais imposé par la seule force d’une
majorité toute puissante parce qu’ils conduisent les Etats-Unis au sein d’un
système politique qui fut conçu à partir des enseignements de Montesquieu dans
lequel « le pouvoir arrête le pouvoir ».
Le président est une pièce maîtresse dans cette mécanique ; il est à la fois
pouvoir et contre-pouvoir et c’est là sa plus grande force. Aucun système
politique n’est parfait, mais du choix initial fait par les constituants à
Philadelphie de séparer les pouvoirs est née une forme de gouvernement qui, tout
en étant doté de la fermeté et de l’énergie nécessaire à l’Exécutif, reste
toujours républicaine sans jamais être monarchique.
A l’heure où le régime de la Ve République s’étouffe dans une hyper-présidence
qui suscite bien des doutes sur la sagesse des réformes adoptées pour moderniser
les institutions, le gouvernement présidentiel aux Etats-Unis est une expérience
qui donne matière à penser.
N° d'édition : 1
Collection : Hors collection Dalloz
Parution : Novembre 2011